mercredi 25 mai 2011

Jamais sans mon vélo à pignon fixe !


          

             
            L’heure est grave. Depuis quelque temps déjà, sévit une espèce plus ou moins identifiée, mais en tout cas assez identifiable ; le Hipster. Quand on s’intéresse au phénomène, on s’aperçoit très vite qu’il est bien difficile d’en donner une définition.
            « Hipster », qui vient de l’anglais « hip », soit « branché » en bon français, est un terme né dans les années 40 aux Etats-Unis. Il est d’abord associé aux noirs, aux zazous, au be-bop (on cite souvent Charlie Parker comme exemple du hipster typique.). Puis dans les années 50, le hipster devient blanc, associé à la Beat generation, c’est un blanc qui veut vivre comme un noir, il veut « atteindre le savoir cool, l’énergie exotique, la luxure et la violence des Noirs américains. » (New York Magazine). Noir ou blanc, le hipster désignait à cette époque, « celui qui en sait plus que toi». Seulement lors du grand retour du hipster, dans les années 90, il est devenu « celui qui est plus cool que toi ». (Même s’il continue à en savoir souvent plus que toi, parce qu’une des caractéristiques du hipster c’est d’être diplômé à l’université.) L’idéologie du hipster a bien changé. La question raciale subsiste, le hipster blanc, est fier d’être blanc. Il vit dans les quartiers habités par les immigrés et se refuse à s’intégrer à la population. Le terme « hipster » devient une insulte. Il prône la violence. Seulement dans un monde de plus en plus enclin à cette violence justement, le hipster n’avait plus rien d’original. C’est alors que l’idéologie hipster a encore une fois évoluée. En 2000, place au hipster proche de la nature (appelés hipster « vert »). Son truc c’est donc la nature et les animaux, il porte la barbe de bucheron, des vestes à carreaux, des bottes en caoutchouc et écoute des groupes comme Animal Collective, ou Panda Bear.
            Mais aujourd’hui, le hipster c’est qui ? C’est quoi ? On le reconnaît facilement avec sa moustache dégueulasse, ses lunettes d’aviateur et son jean slim, le tout en provenance d’American Apparel. Fan du polaroïd et du graphisme, il apprécie l’esthétique porno des années 80, et lit le magazine Vice. On le considère souvent comme la version jeune du bobo. Le hipster d’aujourd’hui rejette tout ce qu’il considère comme « mainstream » ; adieu les Inrocks, bonjour les musiques alternatives, les films d’auteur, et l’anglais. Il revendique sa jeunesse et son insouciance. Il se veut raffiner, pointu et a une légère tendance à vomir sur ceux qu’il juge inférieurs, lambda. Le hipster a beau vivre dans les quartiers populaires, auprès des punks et des hippies qui galèrent pour subvenir à leurs besoins, lui, il est généralement aisé.
            Mais contre-culture or not ? Le rapport du hispter à la consommation est très, très, compliqué. Appelé « consommateur rebelle », le hipster récupère des éléments de plusieurs contre-cultures déjà existantes. Parce que non, le hipster ne crée rien, il n’est pas à l’origine d’un mouvement artistique, il ne fait que reprendre des choses qui existaient déjà. Il achète des produits de grande consommation en essayant de se convaincre que ses achats ne sont pas le reflet de sa personnalité et que cela fait de lui un individu transgressif. Les habitudes de consommation des hipsters « tendent à les ranger dans une catégorie sociale dont ils méprisent la mythologie ». (Jeff Wise.) Au fond, la nature profonde du hipster serait « faire semblant de ne pas en être un ». Le hipster lui-même est repris par les publicitaires et devient objet de consommation. Acheter Hipster. (Au fond, ça tient la route, « hipster » ça veut aussi dire «  Culotte taille basse »).
            Considéré par certains comme « représentant d’une culture hypra indé underground », ou de « personne décalé en mutation » par d’autres, le hipster est en réalité quelque chose d’assez indéfinissable, mais un terme que l’on continue d’utiliser à tord et à travers, tout comme on a utilisé le terme geek pour désigner tout et n’importe quoi. Alors attention l’ami(e), peut être que toi-même, tu es un(e) hipster sans le savoir…


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samedi 14 mai 2011

"Coucou tout le monde ! Méga surprise !" _ X. De Ligonnès.

          
  

           Dead Man. Un vieux film. Un vieux film produit en 1995. Un vieux film produit en 1995 et réalisé par Jim Jarmusch. Mais, un film génial. (Oui j’emploie volontairement des mots de l’époque…)
           Dead Man est un western, mais un western décalé et drôle ! Oui parce que le western c’est chiant. Visages pâles versus Peaux rouges, et ce sont toujours les mêmes qui gagnent. A savoir John Wayne. Donc c’est un western - puisqu’il y a des indiens et des cow-boys - qui raconte l’histoire de Nobody. Et de Bill Blake que Nobody va peu à peu assimiler à William Blake, le poète. L’histoire part de la ville de Machine, dans le fin fond de l’Ouest américain. Bill y fait un court séjour avant d’être pourchassé par des chasseurs de prime, accusé d’avoir tué le fils d’un homme puissant de la ville, Dickinson, celui qui parle aux ours. Oui, tout ceci a un sens. Toujours est-il que c’est dans sa fuite, que Mr Blake rencontre Nobody, un indien qui va considérablement l’aider, et qui parle fort pour ne rien dire. C’est comme ça que cette échappée ce transforme en voyage initiatique…
            Jim Jarmusch, avec ce film, confirme son talent pour les films en noir et blanc. On retrouve dans Dead Man, toutes les caractéristiques du « Style Jarmusch » ; anti-héros, forte tendance à chercher la perfection, (qui à mon sens, est complètement atteinte), et à montrer un quotidien décalé et étrange. Bon par contre, ceci n’est pas valable pour tous ses films, notamment Ghost dog ; une horreur.
            Ce qui fait de Dead Man, un petit chef-d’œuvre, c’est sans doute aussi la bande originale faite par Neil Young, les milles et une références du film, et la brève mais non moins loufoque apparition d’Iggy Pop ! Alors chers lecteurs, courez, volez, ramez voir ce film.
            

"Every night and every morn
Some to misery are born,
Every morn and every night
Some are born to sweet delight."
            _ William Blake.



Photo : Les quais de ma si calme ville.